Nous mettons le réveil à 4h pour prendre le train de 6h30 qui va à Huancavelica, plus au sud. Le train part de Huancayo le lundi, le mercredi et le vendredi. A la gare, nous sommes les seuls touristes, les gens nous dévisagent. Nous montons dans le train, puis la sirène retentit et le train sort de la gare, c'est partit pour 7h de train (en bus, nous aurions mis 4h..) Les paysages sont magnifiques, nous suivons un canyon et croisons plusieurs gares où descendent des quechuas avec leurs provisions. Hélas, à peine une heure après avoir quittés la gare, je m'aperçois que je n'ai pas vidé la table de nuit de l'hôtel à Huancayo et que j'y ai laissé mon passeport, les cartes de crédit ainsi que le MP3! C'est la première fois que cela m'arrive, ça ne m'a jamais réussi de me lever tôt... Je ne peux pas descendre du train car il n'y en a pas d'autre qui partent en sens inverse et la ligne de chemin de fer ne suit pas la route qui monte dans les montagnes pour aller plus vite alors que le train suit la rivière. Nous essayons d'appeler l'hôtel mais bien sûr, il n'y a pas de réseau, la panique monte! 7h à stresser sans savoir si je pourrai récupérer mes affaires, si je vais devoir refaire un passeport, mais on ne peut pas prendre le bus sans passeport, sans carte bancaire, heureusement il nous reste 200 soles sur nous, soit environs 70 euros.. Et sans musique... L'horreur! Je finis par avoir assez de réseau pour appeler l'hôtel mais le numéro est celui de l'association, le monsieur prend note et me dit qu'il va aller signaler mon oublie. Je ne sais toujours pas si quelqu'un est parti avec mes affaires. En arrivant à Huancavelica, je rappelle et on me dit que tout à été mis de côté, ouf! Sans perdre de temps, nous trouvons un hôtel, mangeons un bout et je prends le premier taxi venu pour retourner à Huancayo. J'abandonne Josselin tout seul dans une ville inconnue... Pas le choix. 100 soles le taxi ça fait cher, il faut attendre qu'il soit plein pour que ça me revienne à 25 soles. Nous décollons à 14h30, le chauffeur roule comme un fou, je me dis "tant mieux, on mettra moins de temps".. J'ai regretté d'avoir pensé cela par la suite! A peine un quart d'heure plus tard,  nous sommes arrêtés, des travaux sur un pont, nous repartons seulement trois quart d'heure après! Et là, la course infernale commence! Les taxi se doublent entre eux, nous roulons à gauche la plupart du temps et à 120 km/h quand la vitesse maximale autorisée est de 40 km/h sur des petites routes de montagne! Partout il y a des panneaux "cuidado, riesgo de derumbres" > attention, risque de glissement de terrain. En effet, la route est souvent effondrée mais cela n'empêche pas le taxi d'accélérer, de doubler en côte et en virage, de se rabattre au dernier moment parce que ça ne passe pas et de piler devant les dos d'âne qui sont environs tous les 500 mètres. Un panneau "dos d'âne", il accélère, pas question de se refaire doubler par un concurrent, je me crois sur le circuit des 24h!!! Et ça joue du klaxon en veux tu en voilà comme pour dire: "attention c'est moi que v'là"!!! On passe les villages à toute allure, on coupe par des chemins de terre, il faut se cramponner pour ne pas s’assommer! J'ai vu qu'il y avait de superbes paysages, mais je n'ai pas eu le temps d'admirer, trop occupée que j'étais à regarder la route! A un moment j'ai envie d’appeler Josselin, et là, je me rends compte que je n'ai pas de téléphone! Mais pourquoi je n'ai pas de tête?? Pourvu que Jo ait bien récupéré les deux! En plus je vais être en retard car nous voici encore arrêtés pour travaux, plusieurs fois les flics nous arrêtent pour contrôle, bizarre. Je regarde l'heure, ça ne fait qu'une heure et demi que nous roulons, et cinq minutes que j'ai regardé l'heure la dernière fois, encore au moins une heure à endurer ce calvaire! J'essaies de penser à autre chose, de me détacher de mon corps, de penser au cours de sophrologie que je prenais au bac, de respirer! J'ai tellement chaud que j'ouvre la fenêtre en grand alors qu'il fait froid dehors, je suis trempée de sueur! Enfin arrivés à Huancayo je crois le calvaire fini, mais non, le chauffeur décide de prendre un raccourci par les chemins, il y a des chiens partout, ils passent devant la voiture, la taxi ne ralenti pas, et là, boum! Un chien est passé dessous, je l'entends hurler, couiner, la voiture fait des rebonds puis plus rien, c'est fini pour lui! Le chauffeur se met à rire et les autres passagers l'imitent, moi, j'ai juste envie de pleurer! Mais qu'est ce que je fou là! Et pourquoi j'ai oublié ces "!;-(^!?./" de papiers?? Le chemin bien sûr n'aboutie nul part et il faut faire demi tour! Nous larguons les autres en ville et il faut encore une trentaine de minutes pour retrouver l'hôtel dont personne ne connait ni le nom, ni la rue...  J'arrive enfin à l'hôtel, je sonne, les propriétaires ne sont pas là, une jeune fille me dit de retourner voir dans ma chambre, mais il n'y a rien.. Les voisins me recueillent le temps d'appeler les patrons et je leur raconte mon aventure. Enfin les voilà! Enfin je récupère mes papiers. Heureusement ce couple est très gentil, ils m'expliquent où prendre le bus, m'accompagnent au taxi et m'embrassent! Dans le taxi qui m'emmène au bus, le chauffeur veut tout savoir sur les footballeurs en France, dommage il n'est pas tombé sur la bonne personne... Il est déjà 19h quand j'arrive à l'agence de bus, je pense à Josselin qui doit commencer à s’inquiéter et ne dois pas oser sortir manger quelque chose de peur que je ne trouve personne à l'hôtel si je rentre à ce moment là.. C'est que je le connais mon homme!! Le prochain bus part à 19h45, j'ai de la chance, j'ai un des derniers billets, le prochain était à 22h. Il fait vraiment froid dehors, je suis toujours en tongs ne pouvant pas encore supporter des chaussures, ça caille! Je suis la seule blanche, les femmes sont intriguées et me parlent facilement, je leur raconte mon histoire.. Dans le bus je suis à côté d'un jeune quechua de 20 ans, elle me pose plein de questions, où est la France? D'où viennent les gens noirs? Est ce que je suis une gringa? Non, pourquoi? Pourquoi je ne voyage pas avec toute ma famille? Delfina est mariée depuis deux ans, son mari a mon âge et ils ont déjà perdu un bébé.. Le trajet est long, il fait froid dans le bus, je crois toujours que nous arrivons lorsque je voie des lumières.. Finalement nous arriverons à presque minuit, je ne sais pas trop où je suis, heureusement il y a des gens dehors, ça fait la fête, ça picole... Je me presse de rentrer, l'hôtel sera t-il encore ouvert, est ce que Josselin sera là? ... L'hôtel est ouvert, Josselin m'attend impatiemment depuis 19h sans manger, il est hyper inquiet, sans nouvelle, il pensait au pire! Il a préparé une soupe au riz et a bien récupéré le téléphone.. Ah que c'est bon de se retrouver tous les deux! Quelle journée.. Nous nous couchons vers 2h, 22h après s'être levés! Y'a des jours comme ça, on ferait mieux de rester couchés!