Nous commençons par un "petit déjeuner" indigne de ce nom. Les argentins ne sont pas doués pour le café, en France, c'est ce qu'on appellerai un "jus de chaussette" ! Les habitudes alimentaires sont très différentes partout sur le continent, au nord, en Colombie, Equateur, Pérou et Bolivie, au réveil les gens prennent un café, une heure plus tard ils mangent vraiment, le même plat qu'il remangeront le midi, il est environs sept ou huit heures du matin. Dans les auberges, le petit déjeuner n'était jamais compris et en ville, le déjeuner continental se composait d’œuf brouillés et de pain. Depuis le Chili, les habitudes ont changé, le déjeuner n'est pas toujours inclut avec la nuit, mais les gens mangent du pain, du beurre (du vrai), de la confiture, comme en France. Enfin, depuis l'Argentine, ou il n'y a pas de beurre salé mais pas non plus de margarine, le déjeuner est inclut et c'est le même qu'au Chili. On ressent très fortement l'influence des pays occidentaux. 
Nous retrouvons Francisco, le chilien et décidons d'aller visiter le musée des momies incas les mieux conservées du continent. Hélas, pas de chance le musée est exceptionnellement fermé ce jour ! Le temps est tout gris à Salta et il fait froid, on se croirait revenu chez nous ! Cela faisait des mois que nous n'avions pas eu un temps si mauvais, heureusement qu'ensuite nous partons sur les chutes d'Iguaçu où il fera chaud ! 
Nous nous promenons avec Francisco, visitons quelques églises puis le laissons au téléphérique et rentrons au chaud, voir les villes d'en haut ne nous a jamais apporté énormément, de plus le téléphérique est cher.
Le soir nous nous retrouvons avec un couple d'argentins, un allemand, un autre argentin et Francisco. 
Le couple d'Argentins voyage en vendant de l'artisanat et en jouant de la musique. Julio joue de la guitare, mandoline, harmonica et un genre de guitare rectangle à quatre cordes qu'il a fait lui même avec une grande de cigares et une boites en métal de pellicule de films. Camila, quand a elle fabrique des carnets à dessins à la main qu'elle coud devant nous et accompagne son compagnon en chantant et en grattant un peu de l'instrument étrange. A eux deux ils enchantent notre soirée, Julio porte la barbe depuis sept ans, on le croirait tout droit sorti de Woodstock !  
Tout à coup, Francisco apparaît avec un tout autre instrument, à la demande de Josselin, une cornemuse ! Quel drôle d'objet pour faire de la musique, il coince un petit coussin sous son bras droit, un autre beaucoup plus grand sous son bras gauche et de ses deux mains, joue d'une flûte reliée aux coussins qui produit un son bien spécifique. 
A ce moment, c'est le clou du spectacle ! Nous quittons Woodstock pour nous envoler vers les terres irlandaises ou écossaises où souffle le vent sur les vagues s'écrasant contre des falaises déchirées. Des airs celtiques montent dans la cuisine qui n'en est plus une, chacun tape du pied ou claque des mains et voilà que Martin l'allemand la guitare carrée pour accompagner cette musique déjantée ! Un ange passe, pendant plusieurs heures nous vivons cette alchimie tous ensemble, cette joie que procure la musique. Nos corps s'enflamment et se déchaînent pour suivre ce rythme endiablé, les bonnes ondes sont avec nous ce soir ("buena onda" comme on dit ici).
C'est dans ces soirée imprévues que nous passons les meilleurs moments, quand rien a été répété à l'avance, nous ne sommes qu'une "bande de jeunes" qui vibrent !
La fête se termine doucement mais sans regret, les garçons partent continuer la fête dehors mais nous préférons rester avec le couple de hippies pour refaire le monde plutôt que d'aller écouter une musique electro qui aurait gâché toute les bonnes énergies accumulées et où nous n'aurions pas pu échanger deux mots. 
Camila me joue une mélodie qu'elle a apprise récemment, elle est heureuse de me la jouer car c'est une chanson française. Mais pas toute jeune ! Heureusement pour elle que j'aime la musique d'une époque révolue et aussi un Papa chanteur guitariste, ça aide ! Il s'agit de Françoise Hardy, "Tous les garçons et les filles" ! Comme elle connait aussi les paroles, nous chantons toutes les deux, toutes joyeuses que nous sommes de pouvoir partager cet instant ! 
Nous restons encore un moment à partager ce qu'il reste à partager quand il n'y a plus de musique qui gênerait les locataires, plus de nourriture et plus de vin mais qu'il reste encore tout le reste, tout à dire, à échanger, à nous raconter nos rêves. Ces rêves qui sont identiques quelque soit le continent d'où l'on vient. Vivre de peu, simplement, sans être riches, travailler seulement en fonction de nos modestes besoins et toujours voyager, connaitre le monde, s'ouvrir à d'autres gens, d'autres cultures et surtout, garder l'esprit ouvert !