Nous passons la journée à ne rien faire en attendant le bus, l'hôtel accepte de nous laisser la chambre jusqu'au soir pour rien du tout !
Nous montons dans le bus pour la Bolivie à 19h et décollons trente minutes plus tard. Le bus ne parait pas très luxueux mais il y a de l'espace entre les sièges pour les jambes, heureusement, car nous y sommes pour environs quinze heures, c'est ce qui est prévu. Nous ne sommes qu'une dizaine dans le bus plus le chauffeur et une personne pour le service. On nous sert le repas du soir peu de temps après le départ, composé de poulet et de pâtes. Tout est bien organisé, nous sommes rassurés. 
Quelques kilomètres après le départ, alors que nous retraversons la ville en sens inverse (nous venons de passer deux heures en transport urbain pour nous rendre au terminal), nous tombons en panne ! Tout s'arrête et pendant une vingtaine de minutes, nous attendons dans le noir. 
Notre bus ne repartira pas, nous ne saurons jamais si cette panne était un prétexte ou non, quoi qu'il en soit, on nous fait sortir du bus avec tous nos bagages et nous attendons une heure dehors jusqu'à ce qu'un autre bus arrive et nous fasse monter en comblant juste pile poil les dix places qui étaient restées vacantes. On essai de nous séparer, un devant et l'autre au fond mais nous viendrons finalement à bout de ces gens peu aimables et resterons en fin de compte inséparés!
Nous voici descendus d'une gamme, nous sommes à peu près quarante dans ce bus ci, ce qui est beaucoup plus rentable pour la compagnie, d'autant plus que nous avons payé 300 mille guaranis chacun et que nos voisins de devant n'en n'ont payés que 220 avec l'autre compagnie, soit une différence de 14 euros par personne. Nous sommes serrés comme des sardines au fond de leur boite étant donné que nos genoux sont écrasés contre le siège de devant. Il nous reste toujours quinze heures de trajet, normalement...
L'avantage dans ce bus, c'est que nous ne sommes pas gênés par la musique puisqu'elle ne marche pas, comme à peu près tout d'ailleurs. Les inconvénients sont un petit peu plus nombreux, la chasse d'eau des toilettes par exemple semble bloquée et la porte ne ferme pas, ce qui permet de dégager en continue une odeur légèrement acide. La fenêtre ne se ferme pas non plus, ce qui laisse passer un doux courant d'air, glacé. 
Il faut savoir que de tenter d'uriner dans les bus est un sport complet, surtout quand la porte ne ferme pas, il faut alors la coincer avec un pied, le droit pour un homme, le gauche pour une femme, et essayer de viser plus ou moins juste quand la route fait des rebonds en se tenant d'une main à ce que l'on trouve. Les hommes se prennent alors pour des gauchos sur leur chevaux en position de gainage essayant de maintenir leur lasso dans la trajectoire de la cuvette, ce qui n'est pas toujours réussit, c'est pour cela que les femmes arrivant derrière dans l’arène, ne peuvent poser leur jolis fessiers à l'endroit prévu. Ces dernières, quant à elles, s'imaginent toréadoresses montant des taureaux peu dociles qui refusent que l'ont s’assoit sur leur dos, qu'il faut tenir de la main gauche et du pied gauche en maintenant l'équilibre tel un funambule pour ne pas tomber dans le vide ni sur les rebords maudits et en évitant de s'asperger en même temps. C'est pour cela qu'il y a tant de personnes pliées en deux dans la file des toilettes quand le bus s'arrête. 
Nous réussissons tant bien que mal à grappiller quelques heures de sommeil par ci par là mais l'odeur devient très vite nauséabonde confondant celles des pieds, de la sueur, de l'urine et d'autres encore dont nous ne souhaitons pas connaitre la provenance. 
A 5h, nous arrivons au premier poste de frontière pour sortir du Paraguay, il fait toujours nuit dans le Chaco. Nous attendons le tampon de sortie et notre tour aux toilettes qu'il faut payer pour avoir le droit d'admirer la crasse des lieux et les œuvres les précédents occupants. Nous avons du mal à comprendre l'absence totale de honte de la part des paraguayens. Ensuite, nous attendons le bus. 
Et attendons encore, il est aller plus loin nous ne savons pas où, surement se faire fouiller dans un endroit asphalté car ici tout est de boue. Le temps passe et nous n'avons pas d'information, nous imaginons des douaniers en train d'éventrer nos sur-sacs pour y glisser des substances illicites et ensuite nous accuser de trafic de drogue! Il se met à pleuvoir, le jour se lève vers 6h30, le paysage est assez triste, le Chaco se compose de broussailles et d'arbustes piquants. Il existe néanmoins une grande variété d'animaux dans ces contrées (parait-il).
Après nous être tous abrités sous des arbres, nous décidons de trouver meilleurs refuge quand le vent se lève nous aspergeant au passage de pluie. Nous retrouvons finalement notre bus qui est en fait en pleine réparation (encore une panne) d'une roue ! Nous pouvons heureusement nous abriter et nous mettre au chaud dans la station service qui ne sert aucune boisson chaude, seulement des empanadas de viande...
Nous ne savons plus l'heure qu'il est quand nous repartons enfin, on nous apprend que nous avons parcouru la plus belle partie de la route! Maintenant ce n'est que de la piste, nous ne tarderons pas à nous en apercevoir puisqu'à plusieurs reprises, le bus se mettra en travers de la "route" et que les hommes descendront pour aider à pousser! Pendant ce temps les femmes rigolent bien dans le bus du "sexe fort", c'est que les boliviennes ont beaucoup d'humour et par chance nous avons derrière nous deux femmes très drôles qui ne se laissent pas marcher sur les pieds! Cela change du tempérament habituels des latinos qui donnent l'impression de se soumettre systématiquement sans opposer de résistance. 
Alors que nos estomacs crient famine, on nous balance un mini paquet de mini galettes chacun et un jus de lait de soja à la pomme en brique! Pas de café, pas de boisson chaude, pas d'eau et rien d'autre à manger.